Non, madame… Voici encore un paquet qui a l’air, pour le coup, de contenir des lettres.
Montre un peu… Ce sont des lettres de femme ! et, de plus, un portrait !
Pourquoi le regardez-vous ainsi ?
C’est qu’il est agréable de voir une belle personne… même en peinture.
Vous paraissez mécontente d’avoir trouvé cela ?
Que tu es sotte !… Ne cherche pas davantage.
Et quel est votre projet ?
D’écrire un billet que je lui laisserai. — Prends le portrait.
Pendant ce temps-là, visitons un peu la valise du serviteur. — Voici de l’argent… ou pour mieux dire de la grosse monnaie… des quartos… humble plèbe de la république où les doublons et les patagons[1] sont les rois et les princes. — Il faut que je lui joue un tour. Je vais prendre l’argent de ce valet et mettre à la place quelques charbons. — On dira peut-être : Où donc ce démon de femme a-t-elle trouvé ces charbons-là ?… Cela n’est pas difficile ; nous sommes en novembre, et nous avons près d’ici un brazéro.
J’ai écrit. Mais où pourrai-je laisser ma lettre sans que mon frère la voie dans le cas où il viendrait ?
Ici, madame, sous la taie du coussin. En le découvrant, il ne manquera pas de la trouver. Jusque-là personne ne s’en doutera.
Tu as une bonne idée. Mets-l’y sans retard, et dépêche-toi de ramasser tout cela.
Mon Dieu ! madame, j’entends que l’on met la clef dans la serrure.
Eh bien, laisse tout. — Cela restera où cela est, et cachons-nous au plus vite. — Viens, Isabelle.
- ↑ Les quartos étaient une grosse monnaie de cuivre. Les doublons et les patagons étaient de la monnaie d’or et d’argent.