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LE SECRET À HAUTE VOIX.

frédéric, à part.

On ne peut pas parler plus clairement. (Haut.) Je vous comprends, seigneur ; mais veuillez bien croire que votre honneur ne court avec moi aucun risque.

arnesto.

Comment cela se pourrait-il ?

frédéric.

Permettez-vous que je vous parle franchement, moi aussi ?

arnesto.

Sans doute.

frédéric.

Vous savez que je suis cavalier ?

arnesto.

Je sais que votre noblesse est aussi pure que le soleil.

frédéric.

Sur cette réponse, j’espère que vous vous emploierez à ce que la personne qui m’écrit me donne aussi la main.

arnesto.

Pour cela, Frédéric, je m’y emploierai avec grand plaisir ; et je désire que ce soit au plus tôt.

frédéric.

Je vous baise les pieds mille fois.

arnesto.

Dites-moi seulement qui est cette personne.

frédéric, à part.

Ai-je eu tort de croire à mon bonheur ?

arnesto.

Car j’irai la chercher où elle vous attend.

frédéric.

De sorte que vous ne savez pas qui c’est ?

arnesto.

Non, je sais seulement que vous avez eu une querelle, et qu’on vous a défié.

frédéric.

Vous n’en savez pas davantage ?

arnesto.

Non.

frédéric.

Eh bien, maintenant…

arnesto.

Maintenant ?

frédéric.

Je ne vous demande plus rien. Car il ne serait pas d’un cavalier que je vous dise son nom lorsque vous l’ignorez et je saurai bien, sans vous, faire ce que je dois.