Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
JOURNÉE I, SCÈNE I.

don félix.

Ne t’inquiète de rien ; tu vas porter la lettre, et au retour tu m’accompagneras à Milan.

tristan.

Pour ceci, à la bonne heure ! Cela me va aussi bien que le reste me va peu.

don félix.

Tu as donc du plaisir à faire ce voyage ?

tristan.

Certainement. Comme nous sommes en carnaval, et qu’à Milan surtout c’est une époque de réjouissances, je compte m’amuser comme un bienheureux.

don félix.

Partons donc ! (À don César.) Je vais faire préparer les chevaux pendant que vous écrivez et que Tristan porte la lettre.

don césar.

Dépêchons, car voilà une excellente occasion.

don félix.

Pourquoi donc ?

don césar.

C’est que le seigneur Aurelio sort de sa maison, et en son absence il sera plus facile de remettre le billet.


Entre AURELIO, lisant une lettre.
don félix.

Il est tout occupé à lire une lettre.

don césar.

Tant mieux ! il ne nous verra pas. (À Tristan.) Viens, je te dirai par là à quelle servante tu dois remettre le billet.

Tristan demeure à la même place, en regardant Aurelio.
don félix.

Qu’attends-tu, imbécile ?

tristan.

Laissez-moi.

don félix.

Que fais-tu là ?

tristan.

Je suis là à supputer la force du vieux, pour voir combien de coups de bâton il pourra me donner sans reprendre haleine.

Don Félix, don César et Tristan sortent.
aurelio, lisant.

« Mon oncle et seigneur, je suis arrivé à cette cour de Milan, en cachant mon nom et ma patrie. Bien que je désire vivement rentrer dans ma maison, je ne veux pas y reparaître que je n’aie vengé la mort de mon frère. Et puisque ce malheur nous touche tous, veuillez me faire savoir si don César Farnèse est à Parme… » (Il