Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
JOURNÉE III, SCÈNE II.

chez votre frère pour me proposer la main de Léonor, c’est que vous vouliez donner satisfaction au rival qui est là caché, en lui montrant que vous vous occupez de mon mariage. Mais, vive le ciel !…

béatrix.

Arrêtez, don Diègue !


Entre LÉONOR.
léonor.

D’où vient donc ce bruit, madame ? Mais que vois-je ?

béatrix, à don Diègue.

Je ne sais qui c’est.

don diègue.

Eh bien ! j’aurai le plaisir de vous l’apprendre… Oui, dussent se réunir contre moi tous ceux qui ont conjuré ma perte, il faut que je voie l’homme si prudent ou si lâche qu’il ne se montre pas lorsqu’un autre le défie sous les yeux de sa dame !


Entre DON CARLOS.
don carlos.

Me voici. Je puis éviter une affaire par égards, mais point par lâcheté.

léonor.

Ô destinée ! quand cesseras-tu de me poursuivre ?


Entrent DON JUAN et DON PÈDRE.
don juan.

Que se passe-t-il donc ?

don pèdre.

Quelle étrange confusion ! je cherchais un ennemi, et j’en ai deux devant moi !… Traître don Carlos ! vil don Diègue ! si je ne puis me partager en deux pour vous frapper tous deux séparément, mettez-vous du même côté, pour que je puisse vous frapper tous deux du même coup.

don juan.

Un moment. Avant de recourir aux armes, voyons si la raison ne peut pas tout arranger à l’amiable… — Don Diègue, Béatrix vous a-t-elle parlé du moyen le plus simple et le plus facile de tout terminer ?

don diègue.

Ce moyen ne saurait me convenir. Il s’agit d’épouser une femme qui ne m’aime pas.

don pèdre.

Eh bien ! don Juan, puis-je en entendre davantage ? — Recourons à mon épée !

don carlos.

Arrêtez !