Venez.
Quelle situation délicate !… Je plais à la même personne que j’ai offensée, et, de plus, je vais être le geôlier de moi-même !
Vous ne vous attendiez pas, Hélène, à cette visite ?
Non, belle princesse ; et votre présence en ce lieu me comble de joie et d’honneur. — Où donc allez-vous ainsi ?
En faisant ce voyage je n’avais qu’un seul but : je voulais vous voir.
Je ne pourrai jamais reconnaître tant de bonté.
On dit que votre château est si agréablement situé, que le séjour en doit être excellent pour la mélancolie ; et voilà pourquoi on m’y envoie ; car je suis bien triste. Vous verrez si j’en ai sujet, ma cousine, quand je vous dirai mes ennuis.
Je serai trop flattée. Seraient-ce par hasard des chagrins d’amour ?
Oui, l’amour y fut pour quelque chose.
Et à présent ?
À présent je ne sais plus à quoi les attribuer. Ils tiennent à des causes diverses. — Vous les devinerez à ma douleur.
Déclarez-vous, je vous prie. Moi de mon côté je vous confierai un amour qui est tout l’opposé du vôtre ; car si le vôtre a été et n’est plus, le mien, comme vous verrez, n’est pas encore et sera bientôt. — Mais asseyez-vous sur ce gazon. Ces arbres vous protégeront contre les rayons du soleil, et ces fleurs vous seront comme un tapis parfumé. — Vraiment ce lieu-ci est on ne peut plus propice aux récits d’amour.
Non pas encore ; plus tard. — (À part.) Commençons. (Haut.) J’ai un service à vous demander.
Je suis entièrement à votre disposition.