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JOURNÉE II, SCÈNE II.

Entre LE CAPITAINE.
le capitaine.

Je me mets à vos pieds, madame.

hélène.

Qu’y a-t-il, capitaine ?

le capitaine.

Je vous apporte une nouvelle dont vous serez contente. On sait tout… on sait quel est celui qui a tué don Pèdre Sforze.

frédéric, à part.

Hélas ! je suis perdu !

hélène.

Ah ! vous renouvelez ma douleur… Eh bien ! parlez ; qui est le traître ? qui est le barbare ?

le capitaine.

C’est le prince Frédéric de Sicile.

frédéric, à part.

On me connaît sans doute. — Que faire ?

le capitaine.

On finit toujours par découvrir la vérité.

frédéric, à part.

Faut-il prendre la fuite ou me préparer à me défendre ?

le capitaine.

Qui votre altesse a-t-elle nommé pour gouverneur de ce château ?

frédéric, à part.

Le sort en est jeté. (Haut.) Eh bien ! c’est moi, oui, c’est moi ! jamais je n’ai renié mon nom. Et puisque vous me connaissez, que voulez-vous de moi ?

le capitaine.

Je voudrais vous parler seul à seul.

frédéric.

Vous pouvez parler ici. J’ai mon épée, et je suis prêt à vous répondre.

le capitaine.

Votre épée ?… Pour qui ? contre qui ?

frédéric.

Ne disiez-vous pas, capitaine, que vous veniez chercher le gouverneur du château, et que le prince Frédéric est connu ? Eh bien ! celui que vous cherchez est devant vos yeux.

le capitaine.

Je ne vous réponds pas, parce que je ne puis vous comprendre. — Pourquoi vous troubler ainsi ?

frédéric.

Ne dites-vous pas que vous me cherchez ?

le capitaine.

Oui, seigneur, je veux vous remettre comme prisonnier…