Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
JOURNÉE II, SCÈNE I.

séraphine.

Il suffirait qu’elle retrouvât celui qui a donné la mort à don Pèdre Sforze.

le roi.

Eh bien ! réjouissez-vous, princesse ; car j’espère l’avoir bientôt en mon pouvoir.

l’infante.

Le moyen s’en présente à mon esprit, et il n’est rien de plus facile. — Ordonnez qu’on rende la liberté à son valet, d’autant qu’il ne saurait être coupable pour avoir fidèlement servi son maître. Ensuite, seigneur, faites-le suivre soigneusement ; et comme il ne manquera pas d’aller rejoindre le prince, de la sorte on découvrira Frédéric.

le roi.

L’idée est excellente. — Qu’on aille à l’instant chercher le prisonnier.

l’infante.

Ne perdez pas un moment.

Le Domestique sort.


Entre LE CAPITAINE.
le capitaine.

J’accours aux pieds de votre majesté.

le roi.

Qu’y a-t-il de nouveau ?

le capitaine.

Que les souhaits de votre majesté sont accomplis.

le roi.

Et comment ?

le capitaine.

Je suis sorti avec une partie de votre garde à la recherche du traître. Informé de l’endroit où il s’était réfugié, — c’était dans une vaste forêt, — je m’y suis rendu, et je l’ai trouvé là debout au pied d’un rocher et dans une attitude mélancolique. Il faut vous dire qu’il avait perdu son cheval, lequel, sans doute, avait péri par suite d’une fatigue excessive. En nous entendant, il s’est retourné aussitôt, et d’un air si résolu, que j’ai bien cru qu’il nous allait tous tailler en pièces. Cependant, grâce à notre prudence et à notre courage, nous sommes parvenus à nous emparer de lui. Mais il ne veut pas dire qui il est. Il s’obstine à dire qu’il est un simple paysan, et au langage qu’il affecte, j’ai idée qu’il voudrait feindre la folie.

le roi.

Peu importe qu’il cache son nom et qu’il feigne d’être fou, puisque nous savons à présent que le perfide, le traître n’est autre que le prince Frédéric. Allez le chercher.

Le Capitaine sort.