de douter de la sincérité de vos paroles, et que pour ma part j’en sois persuadé, quel homme ici-bas échappe à la malveillance ? Quel est celui que la médisance épargne ? quel est celui que le soupçon n’atteint pas ? Et quant à moi, si je croyais… si même j’imaginais… si j’avais seulement l’idée que quelqu’un essayât d’entacher ma réputation, mon honneur, — ne serait-ce qu’une servante, une esclave, — vive Dieu ! ce quelqu’un, je lui ôterais aussitôt la vie, je lui tirerais jusqu’à la dernière goutte de son sang, et je lui arracherais l’âme, si l’âme se peut arracher avec l’épée ou le poignard ! — Venez ; c’est moi qui vous éclairerai jusqu’à votre sortie.
Ma voix s’est glacée dans ma poitrine… Voilà bien l’arrogance portugaise !
Je respire !… cela a mieux fini que je ne l’espérais. C’est la première fois que le mal a été moindre qu’on ne l’avait pensé. Ah ! Syrène, pour tous les trésors de la terre je ne m’exposerais pas à une pareille situation.
Léonor !
Que désirez-vous, seigneur ? Ce cavalier vous a dit le motif pour lequel il était entré. Vous savez que je ne suis pas coupable, qu’il n’y a pas eu de ma faute.
Un époux qui vous aime et vous estime n’a pas l’intention de vous gronder. Non, Léonor, je veux seulement vous dire que puisque ce cavalier s’est déclaré avec nous…
N’a-t-il pas dit tout-à-l’heure qu’il était de Castille et qu’il s’était réfugié ici après avoir tué un homme ?… Je n’en sais pas davantage, moi, seigneur.
Pour Dieu ! Léonor, ne vous disculpez pas, vous me tuez. — Non, Léonor, vous ne pouvez pas en savoir davantage ; mais il suffit qu’il se soit confié à nous pour que nous lui gardions le secret… Toi, Syrène, ne dis rien de ce qui s’est passé à personne, non pas même à don Juan.
Vous avez été si long-temps, don Lope, que je commençais à concevoir de l’inquiétude
En vérité, don Juan, il est aimable à vous de me faire ainsi