Comment pouvez-vous vous plaindre de moi, don César, lorsque pour vous j’ai si tristement abandonné ma maison, lorsque pour vous je me vois prisonnière dans la maison d’autrui ?
Oui ! après avoir échoué dans votre trahison, vous venez blâmer ce lâche attentat, pour qu’on ne croie pas que vous en étiez complice !
Est-il raisonnable de croire que pour désabuser un homme que je n’aimerais pas, j’eusse quitté ma patrie et mon père, et me fusse exposée à tous les ennuis ?
Comment se fait-il donc que le seigneur Aurelio m’ait attendu au jardin ? Dans quel but a-t-il attenté à ma vie ? Qui eût pu l’instruire, hormis vous ?
Mon père avait pris votre lettre apportée par le valet de don Félix.
De don Félix ?
Oui.
Un moment ; car ce que vous me dites là me donne beaucoup à penser, si toutefois ce n’est pas un effet de la passion qui me subjugue encore. — Votre père a vu la lettre dont j’avais chargé pour vous le valet de don Félix ?
Oui ; et par cette lettre il fut informé de tout, et il m’enferma en feignant de partir.
De là sans doute est venue l’idée où l’on est que c’est don Félix qui a causé le tumulte qui a eu lieu chez vous ; car vous saurez que je suis prisonnier ici sous le nom de don Félix.
Quoi ! vous passez pour don Félix ?
Oui. Afin de pouvoir rester à Parme cette funeste nuit, je le fis partir sous mon nom.
Comment ! on ne vous connaît pas ici sous votre véritable nom ?
En effet.
C’est donc pour cela que doña Serafina me soutenait obstinément