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BONHEUR ET MALHEUR DU NOM.

voir celle que j’aime. Doña Serafina est seule au jardin, et cette voix me dit d’aller la joindre.

don césar.

Attendez, n’y allez pas.

don félix.

Pourquoi me retenir ?

don césar.

J’ai mes raisons.

don félix.

Laissez-moi.

don césar.

Vous risquez trop.

don félix.

Quel danger ?

flora, chantant, du dehors.

« Arrête ton vol, et sache bien que si tu t’amuses à voltiger au-dessus d’un torrent, tu ne tarderas pas à te perdre. »

don félix.

Elle m’avertit maintenant de demeurer. Parlez donc ; mais faites vite, car si l’on m’appelle de nouveau, force me sera de vous laisser…

don césar.

Non pas ! (À Tristan.) Toi, sors d’ici.

tristan, à part.

On se cache de moi ! eh bien ! vive Dieu ! je les écouterai.

Il se cache derrière la tapisserie.
don césar.

Veuillez à cette heure me prêter toute votre attention. — Vous me croirez sans peine, don Félix, si je vous dis que mon amitié désire votre bonheur.

don félix.

Je n’en saurais douter.

don césar.

Et vous, n’êtes-vous pas mon ami ?

don félix.

Assurément.

don césar.

Eh bien ! j’ai un service à vous demander.

don félix.

Je suis prêt à vous le rendre. En quoi consiste-t-il ?

don césar.

Que vous n’abusiez pas de l’attachement que je vous porte. — Vous, don Félix, grâce à mon nom, vous êtes honoré, fêté, choyé du seigneur Lidoro ; et je ne puis pas craindre que vous soyez ingrat. Tout ce que notre hôte fait pour vous, c’est à cause de moi, non à cause de vous qu’il le fait ; et d’un autre côté, tous les ennuis que