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JOURNÉE II, SCÈNE III.

pour traiter de mon mieux don César ; il est de la meilleure naissance, il possède une fortune considérable, il est fort avant dans la faveur du duc de Parme, et comme j’étais déjà l’obligé de son père… Cela suffit, vous devez me comprendre… Bref, il pourrait bien se faire, ma fille, que l’hôte de cette maison en devînt le seigneur.

Il sort.
doña serafina.

Qu’ai-je entendu, ô ciel ! Réjouis-toi, mon âme, car c’est la première fois peut-être que le mal se convertit en bien. Je craignais que mon père ne soupçonnât quelque chose, et c’est lui qui encourage mon amour ! (Appelant.) Flora !


Entre DOÑA VIOLANTE.
doña violante.

Que voulez-vous, madame ?

doña serafina.

J’appelais une de mes suivantes.

doña violante.

Eh bien ! ne suis-je pas là pour vous servir ?

doña serafina.

Que le ciel vous garde, Violante ; mais je ne souffrirai pas que vous vous abaissiez jusque là. Vous êtes ici chez vous, et bien que je n’aie pas vu d’abord avec plaisir que mon père vous reçût dans la maison, je m’en réjouis maintenant ; et touchée de vos malheurs, je vous regarde désormais comme une amie à laquelle je suis fort redevable.

doña violante.

Que me devez-vous, madame, à moi qui n’apporte ici qu’un mauvais exemple ?

doña serafina.

Cet exemple n’est pas pour moi aussi mauvais que vous le dites ; et vous ne soupçonnez pas combien vous êtes venue ici à propos.

doña violante.

En quoi donc puis-je vous être utile ?

doña serafina.

Vous me l’avez été beaucoup.

doña violante.

Eh bien ! madame, puisque vous êtes si reconnaissante de je ne sais quel service que je vous aurais rendu par hasard, pourrai-je à mon tour vous demander une faveur ?

doña serafina.

Dans les limites de mon pouvoir, je suis à votre disposition. Que désirez-vous ?

doña violante.

J’ai commis une faute que je ne chercherai pas à justifier auprès