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JOURNÉE I, SCÈNE IV.

lidoro.

Non pas ! don César n’ira pas avec vous.

lisardo, à part.

Est-ce qu’il soupçonnerait quelque chose ? (Haut.) Pourquoi cela ?

lidoro.

Parce que, si je mérite ce bonheur, je serais flatté que don César acceptât ma maison. Je tâcherais de le dédommager de l’ennui que je lui ai causé, et il aurait en moi un homme tout dévoué à ses ordres. Son père et moi, nous avons été intimement liés ; dans une occasion, je lui ai dû la vie et l’honneur, et je voudrais, autant qu’il est en mon pouvoir, en témoigner ma reconnaissance à son fils.

le prince.

Je suis flatté, seigneur Lidoro, qu’un homme à qui je porte tant d’amitié et d’estime ait le bonheur d’être votre hôte.

don félix.

Je ne trouve point de paroles pour exprimer tous les sentimens que tant d’honneur m’inspire.

le prince.

Adieu ; à demain !

don félix.

Je prierai votre altesse de me dépêcher le plus tôt possible, car je crains de faire faute au service du duc.

le prince.

Je ne veux pas vous laisser repartir si promptement. C’est une époque où le séjour de Milan est fort agréable aux étrangers ; et vous vous y amuserez, si toutefois le déplaisir que vous avez eu ne vous a point dégoûté de nos fêtes. (Aux valets.) Éclairez à don César et à Lidoro jusqu’à ce qu’ils soient rendus chez eux.

Il sort.
lidoro.

Veuillez me suivre, seigneur.

lisardo, à part.

Quel malheur est le mien ! Celui qui a tué mon frère est le même qui entrave mes amours et qui va devenir l’hôte de celle que j’aime. Mais ne désespérons pas au moment où je tiens ma vengeance.

Il sort.
tristan.

Tout en allant profiter de l’heureuse aventure, ne serait-il pas bien, seigneur, de nous occuper, pour ôter ce soin aux autres, de ce que sont devenus nos chevaux ?

don félix.

Que veux-tu, imbécile, qu’ils soient devenus ? Le garçon d’écurie s’en sera chargé.