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MAISON À DEUX PORTES.

il me vient une autre crainte qui me tourmente plus encore. Car enfin, si vous n’êtes pas…


Entre CELIA.
celia, bas, à Marcela.

Madame ?

marcela, bas, à Celia.

Qu’y a-t-il, Celia ?

celia, de même.

C’est mon maître qui arrive par le corridor.

marcela, de même.

Il ne me manquait plus que cela ! Pourra-t-on sortir ?

celia, de même.

Non. madame ; mon maître vient par la même porte par laquelle ce cavalier est entré, et il ne convient pas qu’il soit instruit que nous avons à la maison une autre porte. — Le voici qui entre.

marcela, à Lisardo.

Vous devinez, seigneur cavalier ?…

lisardo.

Oui, madame ; que ferai-je ?

celia.

Il faut que vous vous cachiez dans cette chambre.

marcela.

Vite, vite ! car si l’on vous voyait…

lisardo.

Vive Dieu ! je suis perdu.

Il se cache dans une pièce voisine.


Entre LAURA.
marcela, à part.

Que de reproches elle a droit de me faire !

laura.

Tu vois, Marcela, tu m’as mise dans une jolie position !

marcela.

Qui aurait pu prévoir que ton père serait sitôt de retour ?


Entre FABIO.
fabio.

Qu’est ceci, Celia ? Depuis quand a-t-on pris l’habitude de laisser cette porte ouverte ?

laura.

C’est que, seigneur, Marcela est venue me voir ; et comme cette porte est près d’une maison où elle était, j’ai commandé qu’on l’ouvrit. Vous l’eussiez trouvée fermée autrement. — Voici mon amie.

fabio.

Pardonnez, belle Marcela ; comme il est déjà nuit, je ne vous voyais pas. — Apporte-nous de la lumière, Celia.