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JOURNÉE II, SCÈNE I.

armes en les baignant au sang d’un vieillard ?… Que votre brillante épée rentre dans son fourreau.

sigismond.

Quand elle sera teinte de son sang infâme…

astolfe.

Il doit trouver à mes pieds un refuge ; ma venue doit lui servir à quelque chose.

sigismond.

Elle vous servira à mourir. Vous m’aurez donné l’occasion de me venger du déplaisir que vous m’avez causé ce matin.

astolfe.

Si je tire l’épée, ce n’est pas pour vous insulter, mais pour défendre ma vie.

Astolfe et Sigismond se battent.
Entrent LE ROI, ESTRELLA et leur suite.
clotaldo.

Ne l’offensez pas, seigneur.

le roi.

Pourquoi ces épées ?…

estrella.

Astolfe ! ô ciel ! quelle douleur !

le roi.

Que s’est-il donc passé ?

astolfe.

Rien, seigneur, grâce à votre arrivée.

sigismond.

Il s’est passé beaucoup d’événements, seigneur ; et entre autres choses, j’ai voulu tuer ce vieillard.

le roi.

Quoi ! vous n’avez pas plus d’égards pour les cheveux blancs ?

clotaldo.

Seigneur, ne lui faites point de reproches ; il n’y a eu aucun mal.

sigismond, au roi.

Il est plaisant à vous de me demander des égards pour des cheveux blancs ! Vous même quelque jour, malgré vos cheveux blancs, je vous verrai à mes pieds ; car je ne suis pas encore vengé de l’indigne traitement que vous m’avez fait subir.

Il sort.
le roi.

Avant de voir ce moment, tu retourneras endormi dans un lieu où tu croiras à ton réveil que tout ce qui t’est arrivé, étant un bien de ce monde, n’était qu’un rêve.

Le Roi et Clotalde sortent. Restent Estrella et Astolfe.
astolfe.

Hélas ! quand le destin annonce des malheurs, le plus souvent ils