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JOURNÉE III, SCÈNE III.

(Haut.) Si vous voulez que je vous dise à tous le mot de cette énigme, — sachez donc que c’est moi qui ai mené ici la belle Flerida pour qu’elle ne se confiât pas à une autre, et pour apprendre au seigneur don Juan à ne pas prêter la maison de sa femme à ses amis.

flerida, bas, à Lisarda.

À quoi bon chercher le comment, puisque je recouvre l’honneur ?

don césar, bas, à Lisarda.

Et moi, puisque vous le voulez ainsi, je ne vous contredis pas.

lisarda, bas, à don César et à Flerida.

Le plaisir de faire votre bonheur m’ôte ma peine.

le gouverneur.

Puisque l’amour vous y convie, don Juan et Lisarda, rapatriez-vous et donnez-vous la main.

lisarda.

Voici la mienne.

don juan.

Ma foi est à vous pour la vie.

camacho, au public.

C’est le cas ou jamais, à présent qu’ils sont mariés, d’appliquer le dicton populaire : « De mal en pis. » Et ainsi, Ite, comedia est[1].

don césar, au public.

Et, comme une noble assemblée, ayez la bienveillance de pardonner les fautes de l’auteur qui se met à vos pieds.


fin de mal en pis.
  1. Ite, comedia est, c’est-à-dire, allez-vous-en, la comédie est finie. Il est impossible de ne pas reconnaître ici la parodie des paroles que le prêtre prononce à la fin de la messe pour congédier les assistans : Ite, missa est. On pourrait s’étonner que Calderon, qui était dans les ordres sacrés, se soit permis de plaisanter sur un pareil sujet. Mais outre qu’une plaisanterie de cette espèce n’est guère dangereuse dans un pays où le sentiment religieux domine, il faut remarquer que celle-ci est en soi assez innocente, et que l’auteur l’a placée dans la bouche du gracioso, qui est toujours à demi fou.