Pour rendre visite à une dame.
À cette dame, sans doute ? Qui est-elle ?
Le seigneur don Juan vous le dira mieux que personne.
Certes, seigneur don Juan, il faut que vous avez perdu l’esprit pour vous conduire ainsi dans ma maison !… C’est vous, vous qui osez y introduire une dame !
Eh bien ! puisque vous m’accusez, vous aussi, je dirai tout, car la loi de l’amitié n’ordonne pas qu’un homme sacrifie pour son ami son honneur. Et comme mes révélations ne sauraient compromettre cette dame, — car personne ici n’ignore qu’elle est l’épouse de don César, — apprenez que vous voyez en elle la dame que vous gardez chez vous prisonnière et qui est sortie cette après-dînée pour parler à don César. Si j’ai commis une faute en favorisant le rendez-vous d’un ami, je vous en demande humblement pardon.
Moi, j’ai voulu parler à don César !
Quelle peut être cette femme voilée ?
Vous pouvez soulever votre mante, madame ; vous êtes connue ici, et il n’y a pas grand mal d’être sortie pour parler à votre époux. Puis, je tiens à lui prouver promptement ce qu’il refuse de croire, que vous êtes Flerida.
Oui, seigneur, je le suis. Une autre que moi ne peut pas être cette femme infortunée.
Ciel ! que vois-je ?
Eh bien ! don César, est-ce Flerida ? est-ce bien elle ? Êtes-vous bien convaincu à cette heure ?
Oui, seigneur, mais…
Ce n’était pas bien à vous, don César, de me soutenir là-bas qu’il était impossible que ce fût elle, lorsque vous étiez au moment de venir la rejoindre ici.
Mais, seigneur…
S’il faut renoncer à l’amour, conservons du moins l’honneur.