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JOURNÉE III, SCÈNE III.

don césar.

Eh bien ! vous êtes dans l’erreur, elle n’est pas Flerida.

le gouverneur.

Ma patience est à bout !… — Mais, — bien qu’elle nie qu’elle soit prisonnière, — si elle-même confesse, avec d’amers regrets, les divers incidens de ses amours et qu’elle en donne le détail, elle ne peut pas m’abuser ?

don césar.

Les mêmes signalemens, les mêmes indices pourraient convenir à une autre femme.

le gouverneur.

Cela est impossible. D’ailleurs, un valet qui l’a suivie l’a vue, je dis vue de ses yeux.

don césar.

Alors le valet en a menti.

le gouverneur.

Vous me feriez perdre l’esprit.

don césar.

Conduisez moi vers elle, et si elle déclare devant moi être Flerida, à l’instant même je l’épouse.

le gouverneur.

C’est bien, venez.

don césar, à part.

Ô ciel ! tirez-moi de cette intrigue inexplicable !

le gouverneur, à part.

Secourez-moi, grand Dieu, au milieu de tant d’ennuis !

don césar.

Enfin, dites-vous, c’est elle qui était cachée dans le jardin ?

le gouverneur.

Eh oui ! cent fois oui.

don césar.

Eh bien ! ce n’est pas Flerida.

le gouverneur.

Eh bien ?… De mal en pis !

Ils sortent.

Scène III.

Une chambre dans le palais du gouverneur.
Entrent LISARDA et FLERIDA, le visage recouvert de leurs mantes ; CAMACHO les accompagne.
camacho.

C’est ici la maison, mesdames. J’ai traversé la ville en tous sens afin que vous ne fussiez pas suivies. Je gagerais que vous ne savez pas où vous êtes.