Je vous obéis, seigneur, comme c’est mon devoir.
Vous saurez, don César, que j’ai été en ma jeunesse le grand ami de don Alfonse Colona ; je viens donc vous parler, non pas en juge, mais conduit près de vous par l’intérêt que je porte à sa personne et à son honneur. Lui-même a exigé mon entremise en cette occurrence. Donc, mon ami, en homme sage, faisant de nécessité vertu, a sollicité là-bas votre pardon ; il l’a obtenu et vous l’envoie sous ce pli. Il se flatte qu’après cela vous consentirez à rétablir son honneur. Il dit enfin que, pourvu que vous reveniez auprès de lui marié avec sa fille, vous pouvez y retourner sans nul souci, qu’il vous recevra à bras ouverts comme le père le plus tendre,
Vous agissez, seigneur, comme celui que vous êtes, et vous m’imposez des obligations éternelles. La jalousie fut cause d’une fureur insensée ; je suis complètement désabusé aujourd’hui ; et ainsi j’appartiens désormais tout entier à la belle Flerida, et je suis prêt à lui donner ma main.
Alors ce ne sera pas plus tard que cette nuit.
Est-ce que vous avez procuration pour cela ?
À quoi bon, si vous êtes ici présens l’un et l’autre ?
Quoi ! Flerida ici !… Comment donc, de grâce ?
Vous n’y songez donc pas ! Oubliez-vous qu’elle est en ma maison ?
Je l’ignorais, seigneur.
Allons donc ! ne l’ai-je pas trouvée avec nous le jour que je vous arrêtai ?
Quel bizarre malentendu ! Vous vous trompez, seigneur, en croyant que cette dame est Flerida. Vive le ciel ! ce n’est pas elle.
Comment un sien valet qui la vue m’aurait-il menti ? Comment le dirait-elle pareillement ?
Vous aurez sans doute chez vous une autre prisonnière.
Non pas ! je n’ai que cette dame qui était avec vous au jardin