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JOURNÉE II, SCÈNE V.

celia.

À la faible lumière qui est dans sa chambre, il me semble le voir debout qui s’habille.

lisarda.

Ce sera la fin de ma vie.

don césar.

Que dois-je faire, madame ?

lisarda.

Sautez par cette fenêtre. — Elle donne sur la cour, et la cour mène au portique. — Puis vous ouvrirez. Mon infortune est telle que j’ai bien plus à craindre que vous ne présumez…

don césar.

Comment cela ?

lisarda.

Vous le saurez plus tard. Je vous donne ma parole que je vous apprendrai bientôt qui je suis.

don césar, s’approchant de la fenêtre.

Au risque de me tuer, madame… Mais c’est pour vous.

Il saute par la fenêtre.
lisarda.

Ô ciel ! sauvez-le !


Entre LE GOUVERNEUR.
le gouverneur.

Qui donc est sorti d’ici tout à l’heure ?

lisarda.

Personne… seigneur.

le gouverneur.

Qu’avez-vous ? d’où vient votre trouble ?

lisarda.

C’est ce pistolet dont la détonation m’a effrayée.

Du bruit au dehors.
le gouverneur.

Et quel est ce bruit ?

lisarda.

Moi, seigneur… je ne sais rien.

le gouverneur, à part.

Prenons toujours ce flambeau… bien que, si j’ai perdu l’honneur, je n’espère pas que ce flambeau me serve à retrouver l’honneur.

Il sort.
lisarda.

Retirons-nous d’ici.

nice.

Ah ! madame !

celia.

Quelle imprudence !

Elles sortent.