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JOURNÉE II, SCÈNE IV.

le capitaine.

Ne l’oubliez pas : le rendez-vous est dans la forêt voisine, à main droite en quittant la route.

rebolledo.

L’Étincelle ?

l’étincelle.

Quoi ?

rebolledo.

Garde les manteaux.

l’étincelle, à part.

Quand on va se battre comme quand on va nager, le mieux est de garder les habits.

le capitaine.

Je veux arriver le premier.

crespo.

Nous avons assez respiré le frais ; rentrons.

le capitaine.

Allons ! à moi, mes amis !

Il se précipite sur Isabelle.
isabelle, éperdue.

Ah ! traître !… Que voulez-vous donc, seigneur ?

le capitaine.

C’est une fureur, un délire d’amour !

Il l’enlève et sort.
isabelle, du dehors.

Ah ! traître… Mon père !

crespo.

Ah ! les lâches !

isabelle, du dehors.

Mon père !

inès.

Je rentre.

crespo.

Hélas ! vous avez profité de ce que j’étais sans épée, misérables, infâmes, traîtres !

rebolledo.

Retirez-vous, ou vous êtes mort !

crespo.

Que m’importe la vie quand on m’a ravi l’honneur ?… Ah ! si j’avais une épée !… N’ayant pas d’armes, à quoi me servirait de les poursuivre ?… et si je vais chercher mes armes, pendant ce temps je les perds de vue !… Que faire, cruel destin ? De toute manière le danger est le même.


INÈS rentre avec une épée.
inès.

Tenez, voilà votre épée.

Elle sort.