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L’ALCADE DE ZALAMÉA.

d’un soldat… De sorte que nous n’avons plus que le vieux contre nous.

le capitaine.

Tout s’arrange à merveille ; et, surtout, si je suis bien secondé par celle qui m’a promis pour cette nuit une entrevue avec elle.

rebolledo.

Elle tiendra parole.

le capitaine.

Je reviendrai ce soir, maintenant je vais rejoindre la troupe qui est déjà en marche. Vous m’accompagnerez tous deux.

rebolledo.

Bous deux ? ce n’est pas beaucoup. Mais, vive Dieu ! c’est assez contre deux autres, et même contre quatre, et même contre six.

Le Capitaine sort.
l’étincelle.

El moi, si tu retournes, que deviendrai-je ? Je ne serai plus en sûreté : car si celui que j’ai envoyé hier chez le chirurgien pour se faire recoudre[1] me trouvait seule…

rebolledo.

Je ne sais que faire de toi… Dis-moi, est-ce que tu n’aurais pas le courage de m’accompagner ?

l’étincelle.

Pourquoi pas ? N’ai-je pas du courage comme un autre ? et de plus, un habit de soldat ?

rebolledo.

Oh ! quant à l’habit, ce n’est pas là ce qui nous manquera ; nous avons celui de ce page qui est parti dernièrement.

l’étincelle.

Eh bien ! je le remplacerai.

rebolledo.

Partons, le drapeau est en route.

l’étincelle.

Ah ! je ne le vois que trop à présent, la chanson a raison : « L’amour d’un soldat ne dure qu’une heure ! »

Ils sortent.

Scène IV.

Le devant de la maison de Pedro Crespo.

Entrent DON LOPE, PEDRO CRESPO et JUAN.
don lope.

Je vous suis on ne peut plus reconnaissant de tout ce que vous

  1. À cette époque, en Espagne, les chirurgiens cousaient les blessures. Dans une de ses Nouvelles instructives (Novelas ejemplares), Cervantes représente plaisamment un bravo qui a blessé son homme, et qui demande une récompense proportionnée au nombre de points que le chirurgien a faits à la blessure.