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JOURNÉE II, SCÈNE III.

mendo, à Nuño.

Tâchons de passer sans qu’ils se doutent que je suis fâché. Toi, Nuño, fais bonne contenance.

nuño.

Cela ne m’est guère possible.

Mendo et Nuño sortent.
le capitaine.

Pour moi, je retournerai au village. Quelques cadeaux m’ont valu la protection de sa servante, laquelle doit faire en sorte que je puisse parler à cette belle homicide.

le sergent.

Enfin, seigneur, si vous revenez, ne revenez pas seul ; car, voyez-vous, il ne faut pas se fier à ces rustres.

le capitaine.

Je le sais. Tu choisiras quelques hommes pour venir avec moi.

le sergent.

Je ferai tout ce que vous voudrez. — Mais si, par hasard, don Lope s’avisait de revenir et qu’il nous aperçût ?

le capitaine.

Mon amour n’a rien à craindre de ce côté. Don Lope lui aussi part aujourd’hui même pour Guadalupe, où il doit rassembler tout le terce. C’est lui qui me l’a dit tout-à-l’heure quand je suis allé prendre congé de lui. Le roi doit s’y trouver. Il est en chemin.

le sergent.

Je vais, seigneur, exécuter vos ordres.

Il sort.
le capitaine.

Songe qu’il y va de ma vie.


Entre REBOLLEDO.
rebolledo.

Bonne nouvelle, seigneur !

le capitaine.

Qu’est-ce donc, Rebolledo ?

rebolledo.

Vous me devez pour cette nouvelle une bonne étrenne.

le capitaine.

De quoi s’agit-il ?

rebolledo.

Vous avez un ennemi de moins.

le capitaine.

Et lequel ? Parle donc ?

rebolledo.

Ce jeune garçon, le frère d’Isabelle, don Lope l’a demandé à son père, et il vient avec nous. Je l’ai rencontré dans la rue tout habillé et plein d’ardeur, qui avait l’air moitié d’un laboureur, moitié