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L’ALCADE DE ZALAMÉA.

le capitaine.

Tu feras semblant de… mais non, voici un soldat qui est plus dégourdi, et qui jouera mieux ce rôle.


Entrent REBOLLEDO et L’ÉTINCELLE.
rebolledo.

Je viens exprès en parler au capitaine, et nous verrons si je suis en tout malheureux.

l’étincelle.

Songe à lui parler d’une manière convenable et avec mesure ; c’est assez de folies.

rebolledo.

Prête-moi un peu de ta sagesse.

l’étincelle.

Quoique je n’en aie pas beaucoup, elle ne te serait pas inutile.

rebolledo.

Pendant que je lui parle, attends-moi là un moment. (Au Capitaine.) Je venais, monseigneur, vous prier…

le capitaine.

Je suis prêt, vive Dieu ! à faire pour toi tout ce que je pourrai, Rebolledo, car j’aime ta bonne grâce et ton courage.

le sergent.

C’est un excellent soldat.

le capitaine.

Eh bien ! mon brave, de quoi s’agit-il ?

rebolledo.

Mon capitaine, j’ai perdu tout l’argent que j’avais, que j’ai eu et que j’aurai jamais, et me voilà ruiné pour le présent, le passé et l’avenir. Je venais vous prier de dire à l’enseigne de me donner aujourd’hui comme indemnité…

le capitaine.

Achève ; que désires-tu ?

rebolledo.

Que l’enseigne me donne la préférence pour tenir le jeu de la compagnie ; car enfin j’ai des obligations à remplir, et je suis un honnête homme.

le capitaine.

Cela me semble fort juste, et je ferai dire à l’enseigne que je veux qu’il en soit ainsi.

l’étincelle, à part.

Le capitaine a l’air de consentir… Oh ! si je pouvais me voir à la tête des jeux !

rebolledo.

Je me charge de la commission, monseigneur.