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LA DÉVOTION À LA CROIX.

village ; je préfère rester ici, où nous serons tous des brigandeaux[1]. On dit qu’à ce métier on ne travaille pas de toute l’année et que l’on mène joyeuse vie.

eusebio.

Reste donc avec moi.


Entrent RICARDO et des Brigands qui amènent JULIA vêtue en homme et masquée.
ricardo.

Au bas du chemin qui traverse la montagne, nous venons de faire une capture dont vous serez content, j’espère.

eusebio.

C’est bien… tout à l’heure… Pour le moment vous saurez, mes amis, que je viens de recruter un nouveau soldat.

ricardo.

Qui donc ?

gil.

Moi, Gil. Ne me voyez-vous pas ?

eusebio.

Ce paysan, malgré son air simple, connaît parfaitement tout ce pays, la montagne et la plaine, et il nous servira de guide. En outre, il ira au camp ennemi et nous y servira d’espion. Vous pouvez lui donner une arquebuse et un habit.

celio.

Les voici.

gil, à part.

Ah ! mon Dieu ! que je suis malheureux ! me voilà embriganté[2].

eusebio.

Quel est ce gentilhomme qui se cache ainsi le visage ?

ricardo.

Nous n’avons pu lui faire déclarer ni sa patrie ni son nom, et il a dit qu’il ne le dirait qu’au capitaine.

eusebio.

Vous pouvez vous découvrir maintenant que vous êtes en ma présence.

julia.

Vous êtes le capitaine ?

eusebio.

Oui.

julia.

Ah ! Dieu !

eusebio.

Dites-moi, qui êtes-vous ? et dans quel but êtes-vous venu ?

  1. Au lieu d’employer le mot bandoleros pour dire des brigands, Gil emploie le mot buñoleros qui signifie des marchands de beignets.
  2. Nous avons fabriqué le verbe embriganter pour reproduire le mot envandolear fabriqué par Calderon.