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JOURNÉE II, SCÈNE III.

puissance inconnue, mystérieuse, à qui j’étais contraint d’obéir. Écoute ma prière, sois clémente pour moi, ou bien je dirai que tu m’as fait venir, que tu m’as gardé plusieurs jours dans ta cellule ; et puisque mon malheur me réduit au désespoir, je suis capable, Julia…

julia.

Arrête, Eusebio… Songe donc. Hélas ! j’entends du bruit… on va vers la chapelle… Que faire ?… Je crains, je tremble… Si l’on te voyait !… Voilà une cellule qui n’est pas habitée… Entre là, Eusebio !

eusebio, à part.

Ô mon amour, tu triomphes !

julia, à part.

Ô mon étoile, n’achève pas ma perte !

Ils sortent.

Scène IV.

Même décoration qu’à la scène deuxième.
Entrent RICARDO et CELIO.
ricardo.

Il est trois heures ; il tarde beaucoup.

celio.

Quand on est content, on oublie aisément les heures. Je parie que le capitaine se dit à présent que le soleil n’a jamais été si matinal, et qu’il s’est levé aujourd’hui plus tôt qu’à l’ordinaire.

ricardo.

Il se lève toujours trop tôt pour celui qui désire ; mais pour celui qui a obtenu, il se lève souvent un peu tard.

celio.

Il n’attendra pas sans doute que le soleil se montre à l’orient.

ricardo.

Il est trois heures.

celio.

Je ne crois pas qu’Eusebio en dise autant.

ricardo.

C’est bien possible.

celio.

Sais-tu ce qui m’est venu dans l’idée aujourd’hui ? C’est que Julia l’avait fait appeler.

ricardo.

Il le faut bien ; sans quoi se serait-il hasardé à escalader le couvent ?

celio.

N’as tu pas entendu du bruit de ce côté ?