Je baise de nouveau vos pieds.
J’ai traversé toute la montagne pour venir vous parler.
Qu’y a-t-il, ami ?
Deux nouvelles passablement mauvaises.
Je suis ému, et je crains. Qu’est-ce donc ?
La première, c’est qu’on a donné commission au seigneur Curcio, le père de Lisardo… j’ose à peine vous dire cela…
Achève, j’attends.
On lui a donné commission de vous prendre mort ou vif.
Je crains davantage l’autre nouvelle… car il me semble confusément que tout mon sang afflue vers mon cœur, comme si j’avais le pressentiment d’un malheur prochain. Qu’est-il donc arrivé ?
Il s’agit de Julia.
Je n’avais pas tort de m’attendre à des chagrins. Julia, dis-tu ? Ce nom seul suffit pour m’attrister… Maudite soit la funeste étoile sous laquelle commença cet amour !… Eh bien ! qu’est-il arrivé à Julia ?
Elle s’est enfermée dans un couvent.
La douleur en moi fait place à la colère. N’était-ce pas assez que le ciel m’eût placé dans une position si malheureuse ? N’était-ce pas assez qu’il m’eût tout enlevé, jusqu’à l’espérance ?… Fallait-il encore qu’il me rendit jaloux de lui-même ?… Mais puisque j’ai adopté hardiment un genre de vie qui me condamne au vol et au meurtre, je ne saurais plus reculer devant aucun attentat ; et ce que ma pensée a osé concevoir je veux l’exécuter. — Appelle Celio et Ricardo.
Je vais les chercher.
Dis-leur que je les attends sans retard. (Chilindrina sort) J’es-
- ↑ Chilindrina en espagnol veut dire bagatelle.
