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LE MÉDECIN DE SON HONNEUR.

don gutierre.

Nous ne pouvions souhaiter une protection plus puissante.

don arias.

Non, certes.

don gutierre, à part.

Ciel ! que vois-je ? — Dieu ! comme son épée ressemble à ce poignard !

l’infant.

Donnez-vous la main l’un à l’autre.

don arias.

Voici la mienne.

l’infant.

Et vous, don Gutierre ?

don gutierre.

Que commandez-vous, seigneur ?

l’infant.

Votre main à don Arias.

don gutierre.

La voici.

l’infant.

Vous êtes tous deux de nobles cavaliers. Il faut que vous soyez amis tous deux. Et celui qui trouvera que cela n’est pas bien, qu’il me le dise ! — Il m’aura pour ennemi.

don gutierre.

Ce n’est pas moi, seigneur, qui m’exposerai volontiers au malheur de vous avoir pour ennemi. — Je souhaiterais, au contraire, que votre altesse fût convaincue de la sincérité de mon respectueux attachement, et je prie le ciel de permettre que je ne vous rencontre jamais en un tel lieu et à une telle heure que je risque de vous combattre sans avoir eu le loisir de reconnaître qui vous êtes. Car, seigneur, ce serait un grand chagrin pour moi, oui, un grand chagrin ! Vous n’en doutez pas, seigneur.

l’infant, à part.

Ces paroles renferment de vagues soupçons. (Haut.) Venez avec moi, don Arias, j’ai à vous parler.

don arias.

Je vous suis, seigneur.

l’infant.

Adieu, don Gutierre.

don gutierre.

Je salue votre altesse et la remercie de nouveau.

L’Infant et don Arias sortent.
don gutierre, seul.

L’infant ne m’a rien répondu. Il aura compris, sans doute, qu’il n’avait rien à me répondre. — Je suis seul à présent, je puis me plaindre ; mais, hélas ! je ne puis me consoler. — Ah ! Dieu, com-