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iv
NOTICE SUR CALDERON.

mens de sa chapellenie et y ajoutant un bénéfice en Sicile.

Vers 1663, Calderon entra dans la congrégation de Saint-Pierre, composée des prêtres nés à Madrid. Trois ans après il était élu premier chapelain de la congrégation.

Mais, déjà auparavant, Calderon avait reçu un honneur d’un autre genre, qui avait dû exciter bien vivement sa sensibilité. C’était alors l’usage en Espagne de célébrer les grandes fêtes de l’Église par la représentation de pièces allégoriques nommées Actes sacramentels (autos sacramentales) ; chaque ville désignait son auteur, et la commande d’un auto était la distinction la plus flatteuse que pût ambitionner un poète. Calderon, chargé quelques années de suite d’écrire les autos de Madrid, avait obtenu un succès prodigieux ; les villes les plus importantes s’adressèrent à lui pour les autos ; et pendant trente-sept ans il eut le privilège exclusif de fournir de ces ouvrages Tolède, Séville, Grenade, enfin toutes les capitales de l’ancienne Espagne.

Ainsi s’écoulait cette glorieuse vieillesse, lorsque, le 25 mai 1681, Dieu rappela à lui son poète. Ce jour-là on célébrait la fête de la Pentecôte ; toutes les villes d’Espagne avaient représenté solennellement les actes sacramentels de Calderon, et l’on a remarqué qu’il expira vers le soir, à l’heure où les représentations venaient de finir. Les chants avaient cessé !


Dans une ancienne édition de Calderon se trouve un portrait de lui fort remarquable, et dont la vue a excité au plus haut point notre intérêt. Calderon est revêtu du costume ecclésiastique et porte sur la poitrine les insignes de Saint-Jacques et de Calatrava. Ses traits sont grands et beaux, le front d’une ampleur sans égale. Le regard profond et brillant annonce une méditation inspirée. La bouche, du dessin le plus noble, est contractée d’un air sévère. Toute la tête respire je ne sais quelle fierté martiale. On devine sans peine que ce prêtre, ce poète a été soldat, et l’on dirait qu’il s’apprête à commander. Aussi, modifiez quelques détails de ce portrait ; à l’habit ecclésiastique substituez une colle de mailles ou un pourpoint tailladé ; que cette barbe blanche tombe largement sur la poitrine, et vous aurez un chevalier, — un héros, — le Cid dans sa vieillesse.

Calderon était d’un naturel généreux et bienfaisant. Les