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LES DÉMOCRATES ET PROUDHON


Les annales de la jeunesse laïque ; l’Action ; le Temps ; le Mouvement socialiste.

M. Louis Dimier, dans une lettre qu’il nous avait adressée pour la première conférence du Cercle, nous rappelait que M. Gabriel Séailles avait reproché aux socialistes français d’ignorer ou d’oublier Proudhon. Il y a vingt ans, lorsque M. Jaurès présentait en Sorbonne sa thèse De socialisme germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel, M. Séailles demandait an fondateur du socialisme bourgeois pourquoi le socialisme français s’adressait à la pensée germanique et à Marx, alors qu’il pouvait s’appuyer sur la pensée du grand socialiste français Proudhon. Il y a vingt ans que les socialistes ont entendu ce rappel, nous écrivait M. Dimier. Depuis qu’ont-ils fait de Proudhon ? Nous pouvons répondre : exactement, rien. Et non seulement ils n’en ont rien fait, mais ils ont fait le silence sur son œuvre. Si le syndicalisme, même socialiste, est fortement pénétré par l’esprit proudhonien, ce n’est que grâce à l’action personnelle de quelques rares écrivains et militants syndicalistes comme Fernand Pelloutier, Georges Sorel et Édouard Berth. Mais le socialisme français, le socialisme officiel, a repoussé Proudhon. Et ce n’est pas particulier au socialisme. Proudhon peut être glorifié comme « immortel père de l’anarchie », « socialiste », « annonciateur de la République universelle », il est honni de tout ce qui, en France, se rattache aux idées quatre-vingt-neuviennes. Démocrates, socialistes, anarchistes ne veulent retenir que son nom et faire oublier son œuvre, qui est tout entière une protestation contre les idées anarchistes, contre les systèmes socialistes, contre la démocratie.

Nom avons rompu le silence. L’annonce de la fondation du Cercle Proudhon a obligé les démocrates républicains et socialistes à penser qu’il ne suffisait pas d’élever un monument à l’auteur de la Guerre et la Paix pour faire croire au peuple français que Proudhon a été un des pères de la Démocratie et un des précurseurs du socialisme parlementaire.

Un des derniers défenseurs honorables de la démocratie, N. Georges Guy-Grand a, l’un des premiers, réclamé pour la vie démocra-