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À BESANÇON[1]


Plaçons-nous maintenant au point de vue français intimement lié au point de vue européen.   Proudhon.


Au lendemain du jour où l’Italie fête le centenaire de Cavour, nous verrons une chose horrible : le monument Proudhon, à Besançon, sera inauguré par M. Fallières. Le fonctionnaire qui représente l’Étranger de l’intérieur, la créature des Reinach, Dreyfus et Rothschild officiera devant l’image du puissant écrivain révolutionnaire, mais français, à qui nous devons ce cri de douleur, qu’il jette à propos de Rousseau : « Notre patrie qui ne souffrit jamais que de l’influence des étrangers… »

Les idées de Proudhon ne sont pas nos idées, elles n’ont même pas toujours été les siennes propres. Elles se sont battues en lui et se sont si souvent entre-détruites que son esprit en est défini comme le rendez-vous des contradictoires. Ayant beaucoup compris, ce grand discuteur n’a pas tout su remettre en ordre. Il est difficile d’accorder avec cet esprit religieux, qu’il eut vif et profond, sa formule « Dieu, c’est le mal », et, dans une intéressante étude du Correspondant, M. Eugène Tavernier nous le montre fort en peine d’expliquer son fameux « La propriété, c’est le vol » Nous remercions

  1. M. Charles Maurras avait bien voulu accepter de prononcer une allocution à la première réunion du Cercle Proudhon, qui fut tenue à l’Institut d’Action Française, le 17 décembre 1911. Il ne nous a pas été possible de recueillir ses paroles. Mais voulant rappeler à nos amis et faire connaître à ceux qui les ignorent les jugements que l’auteur de l’Enquête sur la Monarchie a publiés sur Proudhon, nous lui avons demandé de nous autoriser à reproduire les pages qu’il écrivit au moment de la scandaleuse inauguration du monument Proudhon à Besançon, en juillet 1910. Ce sont ces pages, dont un grand philosophe nous a dit qu’elles sont parmi les plus belles que l’on ait écrites sur Proudhon, que nous avons l’honneur de reproduire aujourd’hui. N. d. l. R.