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les tapisseries


Quand tout s’éclairera des flammes de mémoire,
Quand tout homme sera comme un grand spectateur,
Quand la création devant le créateur
Sera comme un linceul aux rayons de l’armoire ;

Quand les ressuscités s’en iront par les bourgs,
Encor tout ébaubis et cherchant leur chemin,
Et les yeux éblouis et se tenant la main,
Et reconnaissant mal ces tours et ces détours

Des sentiers qui menaient leur candide jeunesse,
Encor tout ébahis que ce jour soit venu,
Encor tout assaillis du regret revenu,
Et reconnaissant mal, avant que l’aube naisse,

Ces sentiers qui menaient leur enfance première,
Encor tout démolis d’être ainsi revenus,
Et reconnaissant mal ces corps pauvres et nus,
Et reconnaissant mal cette vieille chaumière

Et ces sentiers fleuris qui menaient leur tendresse,
Et les anciens lilas dans les vieilles venelles,
Et la rose et l’œillet et tant de fleurs charnelles,
Avant que de monter jusqu’aux fleurs de hautesse ;

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