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ÈVE



Quand on ne verra plus dans une pauvre crèche
Sommeiller un bambin devant l’âne et le bœuf,
Et trois pauvres bergers lui mettre un manteau neuf
Pour le sauver du vent qui souffle par la brèche ;

Quand on ne verra plus couché dans de la paille
Le fils du plus grand roi qui soit dans l’univers,
Quand on ne verra plus cette auguste marmaille
Tenir son firmament et sa croix de travers ;

Quand on ne verra plus dans le secret des temples
Rayonner le secret d’une amour éternelle,
Et lestement troussé dans la main maternelle
Ce seul petit Jésus, femme, que tu contemples,

Parce qu’il fut nourri du lait d’une autre femme,
Et bercé d’une main mêmement maternelle,
Parce qu’il fut baigné dans une onde charnelle,
Et parce qu’il riait aux yeux de Notre Dame ;

Et qu’il fut caressé d’une main fraternelle
Par le petit saint Jean doublé de son agneau,
Et qu’il fut salué de façon solennelle
Par les rois d’Orient doublés de leur chameau ;

Ève. — 5.
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