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les tapisseries



Vous avez pu ranger le sépulcre de pierre.
Mais pourrez-vous ranger d’un égal rangement,
Et par le seul effet d’un long ménagement,
Le deuil enseveli sous la lourde paupière.

Vous avez pu ranger la charrue et le glaive.
Rangerez-vous jamais nos nouveaux armements.
Pourrez-vous refouler dans les casernements
Le monstrueux effort du monde qui se lève.

Vous regardez monter cette double avarice,
Le manquement de cœur et le manque de sang.
Vous regardez saigner la double cicatrice,
L’atteinte vers le cœur, l’atteinte vers le flanc.

Vous regardez saigner la double flétrissure.
Vous poursuivez l’orgueil jusqu’au fond de la plaie.
Vous regardez monter cette double luxure,
La sanie et l’envie et le saint sur la claie.

Vous regardez monter cette double impuissance,
L’impuissance d’aimer et celle de haïr.
Vous regardez monter cette double licence,
La licence d’aimer et celle de trahir.