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les tapisseries



Vous regardez monter cette lourde mainmorte,
L’avarice du cœur sous l’ancienne avarice,
Ô vainement assise à votre pauvre porte
Vous regardez saigner la double cicatrice.

Vous regardez monter cette double insolence,
La luxure du cœur sous les stupres anciens.
Vous regardez monter dans l’antique silence
Le long délaissement de Dieu parmi les siens.

Vainement réchauffée aux tisons de ce feu,
Vainement acouflée à cette vieille dalle,
Vous pleurez longuement sur ce nouveau scandale :
L’argent devenu maître à la place de Dieu.

Tout se vend et s’achète et se livre et s’emporte.
Rien ne se donne plus et moi j’ai tout donné.
Ô vainement assise à votre chère porte,
C’est donc là le salut que nous avons sonné.

Tout se voit et se vaut et se vend à la porte.
Tout s’étale et triomphe et se vend au marché.
Tout se montre et se dit et se place et rapporte :
Est-ce là le salut que nous avons cherché.

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