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les tapisseries



Vous savez aujourd’hui gouverner votre race,
Vous savez distinguer et le tien et le mien.
Vous savez décompter le geste et la menace.
Mais quand on avait tout, on ne décomptait rien.

Vous savez aujourd’hui gouverner l’amour même,
Et l’amour filial d’avec le maternel.
Et le fils dernier-né d’avec le pénultième,
Mais quand on avait tout, tout était éternel.

Vous savez aujourd’hui gouverner l’honneur même,
Et l’honneur trivial d’avec l’originel.
Et le jour de la mort d’avec le jour suprême,
Mais quand on avait tout, tout était solennel.

Vous savez aujourd’hui gouverner votre bien,
Distinguer l’intérêt d’avec le capital ;
Et la communauté, du régime dotal.
Mais quand on avait tout, on ne rajoutait rien.

Vous savez aujourd’hui ce que chacun rapporte,
Et ce que chacun coûte, et comment, et combien.
Ô vainement assise en dehors de la porte :
Mais quand on avait tout on ne retranchait rien.

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