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documents. Il imagine ses hommes du quinzième siècle ; et si l’on veut, il les invente ; mais ils en sont bien, à nos yeux, étant tout ce qu’ils doivent être. On n’a que faire, en art, d’une recherche exacte. Le Théâtre en est la preuve : les gens n’y sont pas habillés, mais en costume ; et ce qui n’est pas tableau, toujours est décor. La couleur locale est la mascarade.

Bernard Naudin fuit cet art de carnaval. Son accent est d’une émotion et d’une certitude rares. C’est le certain qui nous dégoûte de l’exact. La savante exactitude n’est faite que d’oripeaux. Que nous importe la perfection d’un costume, venu de Lahore ou de Byzance, après un voyage de mille ans, s’il faut le voir sur le dos d’une fillette, née d’hier, à Montmartre ? L’artiste trouve en lui, d’abord, autour de lui, ensuite, toute la réalité nécessaire. Le goût fait l’harmonie entre ce qu’il observe et ce qu’il imagine.

La charmante élégance de Naudin et sa force incisive suffisent bien aux figures qu’il dessine. Si ses gueux sont des héros, ils ne le doivent qu’à lui. La verdeur de son sentiment justifie la poésie de ses misérables. Et voilà