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longuement, comme un comédien au miroir, la tête échevelée de Beethoven et ses yeux en fatales cavernes. Mais je ris de l’antre ; et si je dis : « Bien rugi ! » c’est à Bottom.


Avec Naudin comme avec Watteau, la grâce de Paris est bien athénienne.

Dans la rue et dans les salons, à la guerre et dans les mansardes, jusque sur les lits d’hôpital, Bernard Naudin ferait prendre goût à ses personnages, fût-ce à l’horreur des plus hideux, et même à la bêtise des nigauds, s’il en était dans son œuvre. Mais y trouvât-on des méchants, on n’y verrait pas de sots. Le goût qu’on prend chez Naudin à ce qui nous dégoûte dans un autre, est le goût spirituel qu’il met partout : il n’y a point de forme, si malheureuse qu’elle soit, où il ne glisse quelque trait de sa propre finesse et de son élégance. Voilà ce qu’il ajoute à Goya, dans ce beau dessin de la Musique Espagnole, comme si la maréchale, et l’ambre de Watteau tempéraient l’odeur puissante de la tubéreuse. Là, d’ailleurs, est la faiblesse de Naudin : il n’est guère peintre, jusqu’ici. Chez lui, il y a beaucoup plus d’intelligence que d’instinct.