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les tapisseries



Vous n’avez plus connu la race positive.
Vous n’avez plus connu qu’un peuple qui dit non.
Des châteaux de Judée au château de Chinon
Vous n’avez plus perçu qu’une voix négative.

Vous n’avez plus connu qu’une race inventive.
Vous n’avez plus connu qu’un peuple qui dit non.
De la voix de Judith à la voix de Manon
Vous n’avez plus connu qu’une race fautive.

Vous n’avez enfanté qu’une race plaintive,
Tantôt rivée au sol, tantôt victorieuse,
Tantôt martyre et sainte, et sage ou furieuse,
Ô mère et c’est ma race et la race captive

Constamment accotée aux murs de sa prison
Et vous seule vivace et seule industrieuse,
Vous vous dépensez toute, ô seule besogneuse,
À laver la vaisselle et ranger la maison.

Ô vous qui pourchassez jusqu’au fin fond des coins
La poussière et l’ordure et toute impureté,
Toute disconvenance et toute improbité.
Maîtresse des labeurs, des veilles et des soins,

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