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Qu’on ne rie pas de Villon accusant la pauvreté de sa mort et de ses crimes. Il me fait frémir. Lui, toujours si vrai, il lâche l’aveu que de plus grands n’osent pas faire. La misère ne tue peut-être pas le génie ; mais elle le déforme, et l’entrave ; elle en fait ces chênes et ces cryptomères que les Japonais élèvent dans un dé à coudre.

Pour gagner sa vie, on perd ses raisons de vivre. La grande vocation d’une âme libre est une raison de vivre si puissante, qu’elle ne peut jamais s’accorder avec le besoin de gagner sa vie. Encore moins de s’y soumettre. Les habiles, eux, naissent pour bien gagner leur vie ; et le succès les vante.

Il y a donc un parti héroïque, dans le déshonneur de Villon et la faiblesse de Verlaine : ils se sont sacrifiés à leur propre génie. Il en est, peut-être, qui se désespèrent de ne le pouvoir pas : c’est