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les tapisseries



Et moi je vous salue, ô bonne ménagère.
Mais quand on avait tout on ne ménageait pas.
Et je vous vois marcher, vigilante bergère.
Mais quand on avait tout nul ne comptait ses pas.

Et je vous vois veiller, vieille femme économe.
Mais quand on avait tout on ne ménageait rien.
Vous êtes la servante et le conseil de l’homme.
Mais quand on avait tout nul ne comptait son bien.

Je vous vois aujourd’hui fidèle et scrupuleuse,
Attentive et sévère et sage désormais.
Mais quand on avait tout, ô grande audacieuse,
Quand on avait toujours on ne comptait jamais.

Quand on avait la source et la lourde fontaine
Et le déversement nul ne canalisait.
Quand on avait la grâce et cette lourde plaine
Et le contentement nul n’économisait.

Quand on avait l’honneur en ces premiers moments,
Nul ne courbait le front devant le donateur.
Et le bonheur, promis aux plus graves tourments.
Ne baissait pas les yeux devant le spectateur.

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