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Le sincère Villon. Si vrai même, que personne ne le fait jamais comme lui. Plutôt que fourbe, il est cynique. Le génie de Villon est la clairvoyance.

Il est admirable pour voir soi-même et les autres ; surprenant ensuite, pour peindre ce qu’il voit. Avant Baudelaire, il est le plus réaliste et le plus confident des poètes.

Comme il se connaît, lui qui s’inquiète toujours de se connaître ! Et la preuve, qu’il dit : « Je ne me connais pas. » Son doute sur lui-même est à la racine de sa double nature. Tout ce qu’il tente contre les autres, il l’achève contre lui. Ses mots sont vrais ; et plus qu’il n’est ordinaire aux poètes. Il n’accommode pas la vérité à l’opinion qu’il veut donner de soi : il