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de toute pensée. Ce reste d’âme dans les ruines, c’est de là que s’élève ce ton humain et sans morgue, cette indulgence profonde qui préfère, peut-être, aux vertus médiocres les crimes chauds et les suprêmes péchés. Fors les rhéteurs, si nombreux d’ailleurs en français, les beaux poètes de France sont les pénitents de l’humanité.

Ils ne craignent donc rien. Ils osent peindre ce qu’ils voient. Ils osent confesser ce qu’ils sentent. On ne le leur pardonne pas. Et parce qu’ils sont vrais, qui est la seule morale, on les dit sans morale.

Voilà le poète français. L’intelligence mène toute la tête ; et le branle des sens, les bonds du cœur, les lèvres et les yeux, si libres qu’ils soient, et quelque licence qu’ils se donnent, tout est là-dessous, comme les chevaux de l’attelage sous les rênes : le front porte pensée ; l’esprit tient