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possède à fond ; tantôt il s’égare : mais toujours il s’interroge et se prend à partie. Ce que les Grecs ont fait pour les actions et les objets, le poète de France Va fait pour soi-même et pour la vie intérieure. Même les plus païens, il n’est grand poète, en France, qui ne soit chrétien, si l’essence de l’âme chrétienne est le regard intérieur, la confession des sentiments, les colloques de l’amour et du péché. J’appelle grand poète, celui qui a un chant. L’éloquence n’est pas le chant.

Le poète de France, à la Villon, est réaliste quoi qu’il en ait. La rhétorique seule vient à bout de la réalité. Je hais a ce point les orateurs, en vers ou en prose, que je n’y veux même pas penser. Les seuls vers de Villon, qui ne soient pas dignes de lui, sont un essai à l’éloquence. Pareillement, ce ton odieux a faussé deux ou trois fois les orgues de Baudelaire et la viole de Verlaine.