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mauvais larrons. À Paris et en province il a été de la bande.

Il est condamné deux ou trois fois à mort. Il passe des mois au cachot, sur la paille, dans les prisons de Meung-sur-Loire et de Paris. La potence le guette, où il a vu hisser plusieurs de ses amis. À trente-trois ans, il disparaît, qu’il soit mort de maladie, qu’il ait fait retraite, ou autrement.

Plus près de nous que pas un autre, Villon n’est sorti de la légende que pour nous. Les trois derniers siècles ont pu le lire : ils ne l’ont pas senti. Il fallait un monde qui meurt, et le désordre universel pour nous le rendre : alors, l’individu a toute sa force. Comme nous au milieu d’un genre humain qui se déchire pour faire peau neuve, Villon a poussé dans l’agonie du moyen âge, entre les bras d’une France demi-morte, qui se préparait dans les convulsions à ressusciter sous une forme nouvelle.