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les tapisseries



Vous n’avez plus connu les blés tumultueux
Se bousculant pour naître et monter jusqu’à vous.
Sur la face de l’être et devant vos genoux
Vous n’avez plus connu que des blés vertueux.

Vous n’avez plus connu que des laborieux.
Vous n’avez plus connu les blés par grandes ondes.
Vous n’avez plus connu sur la face des mondes
La race des puissants et des victorieux.

Vous n’avez plus connu ces fontaines profondes.
Vous n’avez plus connu que des défectueux,
Et des gagne-petits et des délictueux,
Vous n’avez plus connu ces largesses fécondes.

Et ces flancs plus ombreux que le flanc d’un beau vase
Contenant une race éternelle et profonde.
Et ces regards noyés d’une profonde extase
Et tout émerveillés de la beauté d’un monde.

Vous n’avez plus connu la prodigalité
D’un monde qui savait se refaire à mesure.
Vous n’avez plus connu cette impudente usure
D’un monde ivre de sève et de vitalité.

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