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ÈVE


Ce n’est pas leurs délais et leurs atermoiements
Qui nous ajourneront le jour du dernier jour.
Ce n’est pas les relais de leurs apitoiements
Le jour du dernier terme et du dernier amour.

Et ce n’est pas leurs drogues de pharmaciens
Qui guériront le mal dont nous sommes perclus.
Et ce n’est pas leurs morgues de praticiens
Qui fermeront le seuil dont nous sommes exclus.

Un autre écartera des sept degrés du trône
L’âpre adjuration des bras les plus tendus.
Un autre effacera de l’écorce de l’aune
Jusqu’au tracé des noms que nous avons perdus.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulance
Qu’on recoudra les bords d’une affreuse morsure.
Ce n’est pas leur chloral coupé de somnolence
Qui nous endormira cette affreuse blessure.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulance
Le jour du dernier jour, que nous serons laissés.
Ce n’est point par leur drogue et dans leur somnolence
Que nous achèverons nos rêves de blessés.