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ÈVE


Un autre effacera de nos livres de haine
La trace du chiendent, le grain de sénevé.
Un autre effacera de l’écorce du frêne
La trace du seul nom que nous ayons gravé.

Mais nul n’effacera de nos livres de peine
La trace d’un Pater ni celle d’un Ave.
Car nul n’effacera de l’écorce du chêne
La trace du tourment qui nous fut réservé.

Un autre effacera du profond de notre être
La trace du tourment que nous avons béni.
Un autre effacera de l’écorce du hêtre
La morsure du bec et la paille du nid.

Un autre effacera du secret de notre être
La trace du seul nom qui ne soit pas banni.
Un autre effacera de l’écorce du hêtre
La griffure de l’ongle et la tiédeur du nid.

Un autre écartera des sept degrés du trône
L’âpre invocation du bras le plus tendu.
Un autre effacera de l’écorce de l’aune
La creuse inscription du nom le plus perdu.