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ÈVE


Comme dormait Moïse aux bercements du Nil,
Ainsi l’enfant dormait dans son lit de roseaux.
Mais la fille du roi, qui jouait aux fuseaux,
N’était point accourue en ce matin d’avril.

Comme l’enfant Moïse au bord du père Nil,
Ainsi l’enfant perdu dormait sous ces naseaux.
Mais la fille du roi, qui jouait aux pinceaux,
Ne saisit point l’enfant d’un geste puéril.

Comme l’enfant Moïse aux confluents du Nil,
Ainsi l’enfant dormait sous cet âne rousseau.
Mais la jeune princesse en ce lointain exil
N’était point accourue au fil de son cerceau.

Ainsi l’enfant dormait dans son premier berceau.
Mais la jeune princesse aux bords d’un nouveau Nil
N’était point accourue à ce jeune babil
avec sa robe blanche et ses rubans ponceau.

Comme dormait Moïse au giron du vieux Nil,
Ainsi l’enfant dormait sous ces deux jouvenceaux.
Leurs têtes balançaient ainsi que panonceaux.
Leurs beaux yeux poursuivaient quelque rêve subtil.