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les tapisseries


Ces deux beaux animaux retenaient leur haleine,
Tremblant de réveiller l’enfant expiatoire.
Et les touffes de buis semé de marjolaine
Achevaient d’embaumer ce premier oratoire.

Et ces deux hommes d’arme et ces vrais Bourguignons
Autour du fils de Dieu montaient une humble garde.
Et notre intermittence aidant notre mégarde,
Nous laissâmes l’enfant à ces deux gros Gascons.

Et ces deux gros dodus et ces deux bons apôtres
Auprès du divin maître avaient pris leur service.
Et ces bourgeois cossus et ces mangeurs d’épeautres
Auprès du Grand-Dauphin poursuivaient leur office.

Ainsi l’enfant dormait sous ce double museau,
Comme un prince du sang gardé par des nourrices.
Et ses amusements et ses jeunes caprices
Reposaient dans le creux de ce pauvre berceau.

L’âne ne savait pas par quel chemin de palmes
Un jour il porterait jusqu’en Jérusalem
Dans la foule à genoux et dans des matins calmes
L’enfant alors éclos aux murs de Bethléem.