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les tapisseries


Avons-nous étendu le manteau de tendresse
Sous les pieds les plus purs et sous les plus meurtris.
Avons-nous replié le tissu de paresse
Pour en désentraver les pieds de ces proscrits.

Avons-nous étendu le manteau de noblesse
Sous les pieds les plus neufs et sous les plus flétris.
Avons-nous replié le tissu de sagesse
Pour en désentraver ces pieds endoloris.

Avons-nous effeuillé la lavande et le thym
Sous les pieds les plus purs et sous les plus aimés.
Avons-nous déployé le silence latin
Sous les pieds les plus doux et les plus embaumés.

Avons-nous étendu comme un manteau de fleurs
Nos oraisons, nos vœux et nos recueillements.
Avons-nous étendu le rideau de nos pleurs
Entre le fils de l’homme et nos délaissements.

Avons-nous délavé du ruisseau de nos larmes
Ces pieds percés de clous et ces membres sanglants.
Avons-nous exposé nos reins, nos dos, nos flancs
Entre le fils de l’homme et ses quatre gendarmes.